Faux-Mouleydier
évolue cette saison en ligue. Une première que le club savoure
pleinement, sans ambition démesurée, avec la seule envie de
profiter de l'instant.
Faux a vécu un moment fort avec le 4e tour de coupe de France et la réception du voisin Bergerac, équipe de National 2. © Sylvain Desgroppes. |
«
On est monté, on veut en profiter. Le principal est de prendre du
plaisir le weekend, tout simplement. On ne s'est pas donné
d'objectif au niveau sportif ». Cédric Dumas, le président de
Mouleydier, résume en quelques mots la philosophe de ce club qui
accède pour la première fois au niveau régional.
Faux-Mouleydier,
c'est tout d'abord une entente entre deux clubs de village, qui se
sont rapprochés en 2016. Mouleydier, qui avait connu des soucis
d'effectif, était depuis quelques années en entente avec le
Bergerac Périgord Football Club, pour former des équipes C et D au
sein du club. « La seule solution pour ne pas mettre la clé sous la
porte », se souvient Cédric Dumas.
L'aventure
aura duré un temps, avec une équipe C en PL (aujourd'hui R4). Puis
elle s'arrête lors de la descente de cette équipe en
départementale. « Tout s'est terminé en bons termes avec Bergerac.
Mais à la fin, il n'était pas possible pour nous de retourner,
seul, à Mouleydier. On a réfléchi à une entente, et tout s'est
vite fait avec Faux », continue-t-il.
Si
tout prend forme aussi facilement, c'est parce que les intérêts des
deux clubs sont communs, tout comme leurs problématiques d'effectif.
Olivier Fontayne, président de Faux, se rappelle : « On était sur
une fin de cycle, il fallait plus d'effectif. Les joueurs et les
bureaux ont été séduits des deux côtés, beaucoup se
connaissaient, l'aventure a vite démarré ».
La
nouvelle structure commence sa saison 2016-2017 avec trois équipes.
Une équipe A supportée par Faux, mélange des meilleurs joueurs des
deux clubs, une équipe réserve composée de nombreux fallois, et
une équipe C avec une majorité d'anciens joueurs de Mouleydier,
dont Cédric Dumas lui-même. Et l'entente démarre en trombe avec
son équipe fanion en D1.
«
À aucun moment nous n'avons imaginé que cela se passerait aussi
bien. La mayonnaise a bien pris entre les joueurs, le duo de coach
s'est bien trouvé », résume Cédric Dumas. Les résultats
s'enchaînent, et Faux devient très vite le grand favori de la
poule. « Au printemps, on s'est posé la question de savoir si l'on
devait accepter la montée », complète son homologue Olivier
Fontayne.
Les
craintes des bureaux des deux clubs se situent sur les besoins, les
exigences plus élevées que nécessite une arrivée en régional, en
termes sportif mais aussi, et surtout, en termes de suivi
administratif et structurel. Mais avec une seule défaite en
vingt-six journées de championnat et une accession validée à trois
journées de la fin, Faux-Mouleydier se lance bien en régional.
Pour
un club rural, avec deux petites communes au tissu économique peu
fourni, et comptant moins de deux mille habitants au total, c'est un
beau pari. Les structures doivent suivre : terrains, bénévoles,
écoles de foot, arbitrage... « Etre en régional implique beaucoup
de recherches et de travail pour remplir les obligations et assurer
un suivi. Pour un petit club comme le nôtre, nouveau à ce niveau,
ce n'est pas facile », explique le président fallois.
Restés
très humbles, les deux présidents n'ont pas souhaité bouleverser
leurs structures coûte que coûte. « On est encore dans l'urgence,
plus que dans le prévisionnel », lance Olivier Fontayne. « On n'a
rien révolutionné en montant, on n'en a pas les moyens, ni par les
municipalités, ni structurellement, ni financièrement. Et si jamais
on descend en district, cela ne changera rien non plus », précise
Cédric Dumas.
Rigueur,
exigence
Ce
discours, qui peut paraître étonnant aujourd'hui, ne doit pas
s'assimiler à un manque d'ambitions. Mais les dirigeants préfèrent
ne pas se voiler la face, et rester réaliste sur le potentiel de
leur club. « On démarre une saison sans objectif sportif, sans la
contrainte ou l'obligation de se maintenir », continue le président
de Mouleydier.
Sportivement,
le discours est le même. Pour diriger l'équipe fanion, c'est le
coach en place à Faux depuis plus de dix ans Renaud Legal qui a été
choisi, en duo avec David Toinet, présent au sein du club de
Bergerac pour gérer les effectifs et la coordination entre les
équipes réserves et les U19 pendant l'entente Bergerac-Mouleydier.
Un
duo qui se connaît, puisque David Toinet a été l'entraîneur de
Renaud Legal au club voisin de Cours de Pile. Une fois de plus, les
deux présidents sont sur la même longueur d'onde au moment
d'évoquer le choix de leur coach : « David Toinet s'imposait
naturellement. C'était même la condition pour que l'on aille en
ligue », confie Olivier Fontayne.
Expérimenté,
celui qui a déjà entraîné plusieurs équipes périgordines en régional est sur la même longueur
d'onde que sa direction lorsqu'il évoque le club. Et il s'en réjouit
: « Il est bien que des petits clubs ruraux puissent vivre ces
aventures en ligue, même si l'on n'a pas les effectifs ni les
moyens, notamment financiers, des clubs de Gironde auxquels on est
confronté ».
Ce
dernier est tout aussi lucide quand il aborde les objectifs sportifs.
Surtout que la fin de la saison sera marquée par l'entrée en
fonction de la réforme des championnats, supprimant le niveau R4.
Pour les six poules de l'ex-Aquitaine, cela implique la descente des
quatre derniers, ainsi que des quatre plus mauvais huitièmes...
«
La R4 est déjà compliquée, elle l'est encore plus avec cette
réforme, car beaucoup de clubs ont recruté pour ne pas descendre en
district. On est dans une R4 améliorée. Notre objectif est d'être
dans les neuf premiers, comme s'il n'y avait pas de réforme »,
précise David Toinet, confirmant que le maintien n'est pas une
obligation. Même si lui comme ses joueurs feront tout pour
l'obtenir.
Sur
la dynamique de l'an dernier, Faux-Mouleydier a dailleurs réalisé
un très bon départ, avec trois victoires, deux nuls, et une
défaite, avant de s'incliner lors de la précédente journée. En
bonus, le club a atteint pour la première fois le quatrième tour de
la coupe de France, dautant plus symbolique face à la N2 de Bergerac
pour une belle fête (malgré l'élimination 4-0), et se retrouve
pour la deuxième fois de rang en quart de finale de coupe de
Dordogne.
«
Je suis satisfait de l'investissement, du sérieux, et de l'assiduité
des joueurs, un cap qu'il fallait passer en régional. Sur l'approche
stratégique et le côté compétiteur, on a aussi progressé depuis
un an et demi », estime le coach. Dans la première moitié de
tableau depuis le début de la saison, lui et son groupe profitent de
leur aventure, et prennent des points, notamment à domicile.
Et
tous se prennent au jeu, se pliant à la rigueur et à l'expérience
qu'apporte David Toinet. Réaliste sur le niveau potentiel supérieur
d'une partie importante des équipes de la poule, le coach s'adapte.
« Ce que je cherche, c'est à être performant sur les aspects
tactiques et défensifs. On est monté d'un cran sur la rigueur
autour des matchs, en amont sur la préparation et le sérieux
d'avant-match, en aval sur les débriefings », explique-t-il.
C'est
le minimum nécessaire pour rester compétitif face aux adversaires,
en particulier girondins, souvent plus armés à ce niveau régional.
Et pourquoi ne pas se maintenir, en étant performant à domicile ? «
On prend au jour le jour, on profite de ce que l'on vit », glisse
Olivier Fontayne.
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